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Y'a pas mort d'homme  

Il est délicat de définir pratiquement à quel type de jeu il est ici question. Un livre interactif ? Non. Un basique point and click avec des choix de dialogues ? Non plus, définition trop simpliste. Un jeu d'aventure et de recherche contenant des choix moraux ? Oui, en quelque sorte, mais ça n'englobe pas tout à fait le concept du jeu. Qualifions-le d'Aventure Épisodique dans ce cas ! Sans occulter tout ce qui a été dit précédemment mais qui ne sons pas non plus des aspects dominant de l'expérience. Et vous allez comprendre pourquoi. 

 

Tiré de la série télé éponyme, elle même tirée du comics à succès, ce jeu n'a pas de réel mérite en terme de créativité concernant l'univers et son historique. En revanche, il mérite bien des trophées pour la maîtrise absolue de son story telling. Rares sont les jeux capables de me faire verser une larme, uniques sont ceux parvenant à me faire pleurer de chagrin. L'investissement émotionnel engendré par le jeu auprès des joueurs est ici sa plus grande réussite, sa plus grande force, et il y parvient grâce à des personnages inventés d'une grande richesse, aux interactions réalistes, avec leurs forces et leurs faiblesses, mais aussi grâce à un scénario très bien ficelé et délivré d'une façon peu conventionnelle, quoique aujourd'hui démocratisée. Qu'il s'agisse de la presse ou des joueurs, l'avis est unanime. The Walking Dead TG (eh, parle bien stp) est une merveille narrative, non pas sans nombreux défauts, mais qui jamais ne parviennent à obscurcir la qualité de l'intrigue. 

 

Le joueur incarne Lee Everett, prisonnier reconnu coupable d'un meurtre, en route vers le centre de détention lorsque l'apocalypse vient répandre l'enfer sur terre par le plaisant biais d'une marrais mortelle de cadavres affamés... C'est au milieu de ce chaos pourrissant que le déjà très attachant protagoniste de par sa condition se retrouve accompagné de Clémentine, la petite fille la plus adorable et dégourdie de l'histoire du Jeu Vidéo. Ensemble, ils devront se protéger mutuellement, apprendre à survivre dans ce nouveau monde implacable afin de retrouver les parents de l'enfant. 

We Are The Walking Dead 

C'est au cours de 5 épisodes tous très différents et riches en retournement et en suspens que Telltale Games nous amène dans un voyage sentimental au pays de l'horreur, là où chaque seconde est plus dangereuse que la précédente. Comme beaucoup de médias de nos jours, TWD met tout le monde sur le même piédestal, adoptant un angle de vue réaliste qui met en danger chaque personnage selon ses actions, qu'importe son importance. Une tension palpable et une anxiété nous accompagne donc tout au long de notre aventure, stressé à l'idée de voir nos personnages favoris rencontrer un sort tragique, que ce soit aux mains des revenants comme des vivants, la menace est omniprésente et sous toutes ses formes. Paradoxal, car on adore être torturé de la sorte. De la manière la plus violente qui soit, on se retrouve ainsi happé au coeur de l'intrigue et de ses enjeux.

 

De ce fait, le jeu est extrêmement fidèle à son matériel d'origine, jusqu'à intégrer de façon cohérente et réussie des personnages originaires du comics en guise caméos (Glenn, Hershel et Lily pour les connaisseurs). Il respecte également beaucoup le comics en adoptant un style graphique unique rappelant la technique dite Cell shading offrant un rendu bande dessinée des plus efficaces qui garantit une véritable authenticité au produit. Malgré ce design en apparence simpliste, Telltale Games est capable de couvrir avec une efficacité prenante les émotions de chaque personnage, que ce soit dans les doublages d'une qualité incroyable, ou dans leurs expressions faciales si réalistes et convaincantes. Avec ses plans cinématographiques, sa découpe narrative proche d'une série télé et sa charte graphique de bande dessinée, ce jeu est un hommage condensé et concentré de la licence, d'une efficacité redoutable qui en a fait un succès planétaire. 

 

Son autre grande force réside dans ses multiples autres personnages et les relations complexes qui en découlent, qu'il s'agisse du colérique mais loyal Kenny, du geek attachant Doug bidouillard ou de la vaillante journaliste Carley, du Ben maladroit ou de l'aventureuse Molly, et tant d'autres. Ces personnalités contribuent grandement à l'immersion de tout un chacun. Et cela est complémenté par la cerise sur le gâteau que forme le duo passionnant père/fille avec Lee et Clemichou. Bien qu'il persiste un certain nombre de stéréotypes dans le tas, on ne sombre jamais pour autant dans le cliché, mec. 

 

Toute cette troupe et leur survie de chaque instant est quant à elle sublimée par un système de parution très intelligent qui a démocratisé le genre, là ou tout le monde pensait autrefois qu'un tel format serait considéré comme une aberration par les consommateurs. Et pourtant, c'était sans compter la normalisation dudit format par les séries télé auprès du plus  grand public. Faire patienter le joueur un mois pour le prochain épisode, maintenu en haleine par le cliffhanger insoutenable de la fin d'épisode est extrêmement couillu... Et terriblement efficace pour créer le besoin et l'addiction. Encore faut-il que l'histoire soit capable de tenir en haleine et tienne ses promesses.

 

Bien sûr, c'est le cas ici au travers des cinq épisodes développant chacun des thématiques très différentes, autour du même objectif principal qui lui reste identique : retrouver les parents de la petite Clémentine. En découle un scénario d'une richesse insoupçonnée, un voyage au travers des États-Unis d'Amérique du Nord dévastés par ce fléau. Difficile de foirer son histoire avec un grand classique de l'horreur tel que le zombie et tout ce que cela implique, surfant qui plus est sur la popularité exponentielle de la licence qui rampe mortellement jusque dans nos salons depuis plus de 5 ans maintenant ! Seul bémol sur ce format, c'est qu'une fois la parution du jeu terminée, ce format prend beaucoup moins de sens pour les retardataires, mais soit, ce n'est pas bien grave.

 

No Brain No Game

Malgré sa maestria absolument incontestable que ce soit dans le développement de chaque personnage ou son histoire, le jeu possède son pesant de défauts. On peut noter côté graphique un manque dommageable de modèles différent pour les walkers - les charmants zombies de l'univers, ou encore des bugs assez présents comme des problèmes de collision, ou des déplacements saccadés flagrant d'un manque de fluidité accusant le moteur graphique utilisé, ou enfin l'absence totale de sous-titres français ou autres après son succès international et des nombreux portages... The Walking Dead n'est certainement pas parfait ni blanc comme cadavre... Mais on lui pardonne principalement pour ce qu'il a réussi à nous faire ressentir. Un profond humanisme et un attachement viscéral pour les personnages. Sachez en tout cas que, pour moi, si la fin ne vous a pas arraché une larme, vous êtes un psychopathe. Et tant bien même si l'on est capable de voir venir les pirouettes et rebondissements de l'intrigue, le fait qu'on en ressorte émotionnellement investi peu importe quoi et chacun à sa façon prouve l'efficacité du scénario et de son écriture magistrale.

 

Qu'à cela ne tienne, ce jeu est un jeu d'histoire ET un point and click... Mais vous en avez la responsabilité. Si le scénario ne changera jamais drastiquement selon vos décisions, vos actions ou vos propos, c'est en contrepartie une multitude de variations forts agréables qui ponctueront l'aventure de chacun et offrira ainsi une expérience personnelle exceptionnelle à chaque joueur. Si l'on voudrait avoir plus de poids et de conséquences selon ce que l'on choisi plutôt que des changements mineurs influant par exemple sur la qualité de nos relations et les finalités morales de nos actes, ce parti pris scénaristique est très bienvenu pour un jeu de ce genre. Difficile de ne pas se sentir donc investi lorsque le choix de nos affinités et de nos actions dépend au moins majoritairement de nous

 

Concernant le gameplay, il est peu présent et fluctuant d'un épisode à l'autre. Pour un certain nombre, c'est est un point négatif dans la mesure où le jeu peut tout aussi bien être regardé que joué sans grande différence - ce qui fait bien plaisir aux YouTubers, d'ailleurs. Le jeu sait varier les plaisirs avec des QTE nécessaires dans les moments de grands stress, le choix de réponses aux dialogues très dynamiques et les phases d'exploration et de recherche tout aussi importants. Si la marge de jouabilité parait parfois faible voire inexistante, ce qui l'amène a être considéré davantage comme une histoire interactive qu'un vrai jeu, à tord, ce qui est cependant compréhensible dans une moindre mesure. Un point and click consiste à cliquer afin de diriger son personnage, ici on peut user des touches directionnelles dans les phases "libres" afin d'accomplir les actions et choisir à qui parler, quoi observer, que ramasser. On aime ou non aime pas. Pour ma part, jouer à The Walking Dead fut une des expériences vidéo ludiques les plus prenantes et émotionnellement impactante de ma carrière comme de ma vie de gamer

 

Ce succès colossal (à peu près 8,5 millions de jeux vendus en un an lors de sa sortie) autant dans le fond que dans la forme donna un nouveau souffle au studio, qui se lança ainsi dans la continuité en s'attaquant à diverses autres licences afin de les transformer à leur sauce, tels que Game Of Thrones, la BD noire moins connue The Wolf Among Us et récemment Minecraft. (eh oui...) Mais surtout, une Saison 2 pour sa série désormais vedette ! 

 

J'ai plus chialé autant depuis  Titanic...

C'est volontairement que je ne révèle rien concernant les détails du scénario. The Walking Dead est un jeu quoi qu'on en dise, et il mérite d'être découvert, que vous décidiez d'y jouer ou de regarder quelqu'un d'autre le faire, voire même les deux. C'est un jeu qui vous déchire le coeur une fois que vous l'avez terminé, avec un ending tout simplement génial à tous les niveaux, et qui vous pousse à en redemander encore malgré votre peine. C'est avec un esprit ouvert qu'il faut aborder cette licence, car il peut être pleinement apprécié sans rien connaître à la bande dessinée comme la série sans pour autant zapper la cohérence indispensable au cross-support. De ce fait, même quelqu'un portant en horreur le show télévisé ne devrait pas hésiter à expérimenter ce chef-d'oeuvre vidéoludique. Pour ma part, j'ai découvert la saga via les Comics il y a longtemps, et petit à petit j'ai vu et suivi l'évolution et l'expansion de son univers. Je ne suis pas passionné par la série, mais je reconnais que c'est un divertissement fabuleux qu'importe le support. Et c'est à partir de ce postulat subjectif que j'affirme que Telltale Games The Walking Dead EST un médium bien plus excitant et divertissant que la BD ou le SHOW selon moi. J'attends en tout cas avec une impatience fébrile la Saison 3 à l'heure où j'écris ces quelques lignes. 

 

Pour nous faire patienter entre la première et la deuxième saison, la compagnie sortit par la suite un DLC intitulé 400 Jours. Toujours dans la continuité du jeu d'origine sans en reprendre la trame ou les personnages impliqués, ce contenu additionnel surprenant traite de 5 personnages totalement différents à incarner et découvrir successivement et dans l'ordre que l'on souhaite. Malgré une longévité discutable, le DLC possède exactement toutes les qualités et les défauts de l'opus principal. On explore surtout un concept fort intéressant d'aventure croisée façon Quentin Tarantino qui offre un divertissement très agréable à nouveau, tout en s'offrant le luxe de lier chaque mini-histoire les unes aux autres. Il fut annoncé peu après que les personnages et leurs aventures auraient un impact sur la Saison 2, réhaussant l'intérêt de ce "bonus" en amenant à le considérer non pas comme un bête exercice de style en mode salle d'attente pour les plus impatients, mais bel et bien comme une addition à part entière à l'univers du jeu !

 

Par contre, il est une fois de plus totalement inadmissible, d'envoyer chier les fans à travers le monde en n'offrant même pas de sous-titres autres que ceux en Anglais, spécialement après l'énorme succès commercial de la Saison 1. Si l'absence de démarche peut être excusée de prime abord par manque de budget, elle n'est plus cautionnable après avoir vendu tant de jeux, reçu tant de demandes, et exécuté tant de portages. Et comprenez bien qu'on ne parle pas de doublages, là. On s'en fiche des doublages, une traduction officielle suffirait, nom d'un mort-vivant pas mort ! Fort heureusement, la beauté d'Internet et la passion des fans aura eu raison de ce souci, grâce à la talentueuse et bénévole TTGTRADTEAM, évidemment non officieuse mais faisant au mieux pour fournir ce dont chaque anglophobe rêve. Si je n'en ai pas particulièrement besoin étant donné mon statut de bilingue, je comprends le besoin du marché et de tous les malheureux incapables de profiter pleinement de ce chef-d'œuvre... Et je ne parle même pas du pragmatisme en terme de Let's Play. Alors, si vous vous êtes toujours abstenus pour cette raison particulière, n'attendez plus et ruez-vous sur leur site pour télécharger gratuitement les fichiers de sous-titres très faciles à installer. (et pensez à les remercier en passant)

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Telltale Games ne s'était jamais réellement illustré à grande échelle, hormis avec la franchise Sam & Max auprès des amateurs et connaisseurs du genre point & click. C'est maintenant corrigé avec leur série désormais phare, The Walking Dead, écrivant une nouvelle page dans l'histoire de la compagnie, et du Jeu Vidéo en général. Les zombies sont un sujet facile. Exactement comme le veut leur concept, ils reviennent toujours. Il y aura sans doute toujours des zombies dans notre culture populaire, surtout maintenant qu'ils ont été mis en vedette au cinéma et à la télévision grâce aux séries, mais aussi dans les jeux vidéo à grande échelle. Mais des zombies ne suffisent pas, et Robert Kirkman, le créateur à l'origine de la série, l'a bien compris. Mais qu'a donc cette saga de si spécial et différent d'un cultissime métrage de George A. Romero, le papa originel des macabés ?

THE WALKING DEAD

Sorti en Avril 2012

Dévelopeur : Telltale Games

Genre : Aventure Épisodique

Support : 

Treuf'Analiz

TREUFAVORABLE

TREUFINDIGNE

  • Une histoire émouvante et pleine de rebondissements.

  • Mariage symbiotique entre horreur et mélodrame. 

  • Des personnages attachants très bien développés.

  • Les meilleurs doublages que j'ai pu entendre dans un Jeu Vidéo tous genre confondus.

  • Des graphismes cell shading pour un design BD unique fidèle aux Comics d'origine.

  • Un format épisodique qui tient en haleine le joueur et fonctionne bien, à l'image de la série télé.

  • Le crossover avec les caméos cohérents de personnages existants.

  • Gameplay épuré mais efficace, notamment les QTE et la dynamique des dialogues.

  • Les variations scénaristiques selon nos choix.

  • Une fin grandiose. 

  • Clémentine.

  • Clémentine.

  • Clémentine. 

  • Clémentine.

  • L'ABSENCE DE LOCALISATION. Aucun sous-titres, honteux.

  • Les bugs et problèmes de collision, les déplacements saccadés.

  • La bande son assez discrète hormis la musique de fin.

  • Les modèles limités des zombies qu'on a l'impression de recroiser souvent.

  • Une histoire impactée par nos choix, mais pas assez, trop basée sur des changements minimes plutôt que des grandes lignes scénaristiques opposées.

  • Gameplay timide et inégal d'un épisode à l'autre.

  • Tout le monde y peut mourir... (;_;)

9/10

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Photos par : Treufy 

© 2015 par Treufy, en collaboration avec Lordyce. Tous droits réservés.
 

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