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Enter  The Rayman

Qu'on se le dise, malgré son univers enchanteur, son design tout public et son personnage haut en couleurs, Rayman est un jeu qui s'adresse à des experts du joystick, ou des amateurs fous furieux à la patience admirable. Comme moi. On peut aussi appeler ça du masochisme. Ou de la passion, au choix l'anchois. Enfin, s'il n'est pas le jeu le plus dur de sa génération, il demeure l'un des jeux de plateformes 2D les plus compliqués de la console. Si sa difficulté est si poussée, comment se fait-il qu'aujourd'hui encore, il soit considéré comme culte, l'un des meilleurs du genre même ? Car il est avant tout bourré de qualités. 

 

Il faut replacer le jeu dans son contexte. À l'époque de sa sortie, les jeux étaient bien plus durs à terminer, à vrai dire il s'agissait d'une norme. La maniabilité était limitée, les jeux étaient chers et le joueur devait en avoir pour son argent. (et accessoiremment acheter des livres de codes pour trichouiller - c'est pas joli joli !) Ces mémoires vont en rendre nostalgique plus d'un. L'odeur du vieux papier imprimé, le grimoire de la salvation, où on se sentait le kiki tout dur avec nos vies infinies... souvent pour se rendre compte que ça n'affectait pas notre talent, mais permettait un remake pittoresque d'Un jour sans fin.

 

Et autant dire que le challenge que représente l'aventure de l'homme courgette a rendu dégarnis la plupart d'entre nous gamins. Bien qu'il n'ait jamais été injuste dans son fonctionnement ou dans l'évolution de sa difficulté, ses maps très inventives font preuve d'un large arsenal fourbe pour venir à bout de votre ténacité. Et c'est précisément la variété du level design et sa générosité, aussi bien graphiquement que techniquement, qui favorise l'acharnement de nos petits pouces fébriles. Le plaisir de découvrir l'inventivité dont les développeurs ont fait preuve afin de nous savoir sadiquement lutter contre leurs vils pièges. Mais quel plaisir que de voguer la mèche d'or dans le vent sur les flots agités des tableaux féeriques défilant devant nos yeux ébahis... Et rougis par la rage. 

 

RAAAGEMAN !!

Je l'ai dit, les ballades enchanteresses dans le monde de Rayman ne le sont pas vraiment. Enfin, disons plutôt que jouer à ce jeu relève du trouble bipolaire, du genre : "Oooh, des petits brindilles qui dansent, oooh, je saute, oooh, j'aime ce jeu dis, Ooooh--OoooOaAaaAaaAAh!! PUTAIN DE SAXOPHONES TUEURS !!!!". Voilà. Même si les dangers hantant les niveaux chatoyants sont représentés de façon claire et précise, c'est sans compter une seconde d'inattention, une basket un peu glissante, et on finit empalé sur une note de FA te faire foutre. En général, ça ne pardonne pas. La vie de notre bonhomme maladroit est courte, (comme ma biscotte) et même si elle peut être rallongée (pas comme ma bicyclette) en ramassant par exemple un bonus avec un énorme P marqué dessus, ou en collectant 100 petites pilules d'ecstasy érectiles en échange d'une vie qui sera vite ruinée par la suite, voire en récupérant un trophée de sa propre personne - plus narcissique que Johnny Bravo notre héros... ; les moyens pour se requinquer existent bel et bien mais ne sont pas non plus omniprésents.

 

Il y a aussi les défis de ce bon vieux Magicien qui nous a appelé à l'aide. LE véritable responsable de notre mésaventure parce qu'à la base on sirotait nos cocktails sur une plage de sable chaud, salaud. On peut retrouver l'énergumène partout dans les niveaux pour des défis tantôt très compliqués, tantôt très simplistes, dans le but de recevoir un des trophées susmentionnés en réussissant les épreuves chronométrées du sale fourbe en question... Bordel Copperfield, je suis en train de sauver le monde moi, tu pourrais au moins me filer un coup de main (volante) au lieu de brandir ta connerie de baguette magique à deux tings sous mon gros pif ! "Tu le veux le trophée ? Tu le veux hein ? Eh bah va galérer ! Et tiens, file-moi tes p'tits ecstasy au passage, morveux." 

 

Toujours dans cette logique de difficile mais pas impossible, Rayman propose même grâce à un réveil sorti tout droit d'un bouquin de Lewis Caroll, de revivre un certain nombre de fois avec des vies limitées afin de poursuivre l'aventure et espérer ainsi se requinquer... Ce qui est parfois faisable, parfois inconcevable. Pour être tout à fait honnête, je me targue d'avoir réussi ce jeu, mais je doute réellement que j'y serais parvenu en jouant manette en mains sans Quick Save comme l'émulateur le permet si généreusement. Certains passages sont en effet VRAIMENT ardus. C'est sans compter les BOSS de chaque mini-monde de la map qui mettent un bon POING final en terme de difficulté comme de technique et de l'utilisation de nos pouvoirs. Et leurs designs sont eux aussi très bon.

 

Afin de surmonter tous ces terribles obstacles, notre beau blond dispose d'un panel d'armes comme son fist doré (ou de façon plus prosaïque surnommé "Poing Téléscopique", s'il vous plaît)... et une grimace. Oui, je suis sérieux. Un bon vieux taunt destiné à faire tomber les ennemis dans la flotte, ou autre. Fantastique. Non, en vrai, c'est fort amusant. Quel autre héros peut se targuer en ce temps d'avoir cette compétence extraordinaire ? Pas toi Sonic ! HEIN ?! HEIN ?!!! Il y a aussi des bonus temporels situationels selon les zones et circonstances offerts par quelques PNJs nous ressemblant fortement - le pays des gros nez, diantre. Faire l'hélicobite avec tes cheveux en mode fluo, tu peux endire autant, Mario ? HEIN ?! HEIN ?!!! C'est sans compter l'accumulation progressive de super pouvoirs permanents tels que les cheveucoptères, la course d'Usain Bolt, et le Poing Grappin. Ouais, Batman peut aller se ranger quoi. Et tout ça, fourni en guise de récompense de fin de certains niveaux par les crachats de Betilla la Fée qu'on aimerait tous butiner. Mais ce n'est pas notre objectif. Enfin, pas tout à fait. 

C'est la Plate Forme ou la Patate ?

Si l'histoire nous propose au final de secourir la rouquine des griffes du terrible Mr.Dark (oui, ils ont osé... ce n'est pas le nom de Kikoo Kévin 13 ans sur YouTube, non, c'est bien le nom DU méchant du jeu) et son imperméable de la mort, notre objectif est surtout de secourir au travers des zones parcourues les petites choses violettes séquestrées par ce dernier. Apparemment, des prunes groupies constituent l'équilibre du Monde de Rayman. Eh beh... C'est donc non pas UNE mais une bonne CENTAINE de mini-princesses qu'il faut sauver tout au long du jeu. Tout ça pour qu'elles finissent par aller se noyer dans la flotte deux secondes plus tard. Oui ça fait très parodique je sais, heureusement que notre mission ne consiste pas à sauver le monde... Si ? 

 

En bon gros cliché des années 90, le scénario n'est en soi pas très poussé, mais il faut l'avouer, en ce temps-là les joueurs s'attardaient plus sur le plaisir de jeu que sur la couleur de la culotte à secourir, sans pour autant être insensibles aux intrigues de qualité. Ce que l'on aime surtout dans Rayman, c'est son univers graphique. Rares étaient les jeux de plateformes possédant une telle foison de détails miroitants, d'abondance dans les décors et leur animation très riche pour des sprites 2D. Un jeu qui faisait danser des petits champignons vénéneux et des marguerites fofolles sous le rythme symphonique, jovial et bon enfant des musiques mémorables qui donnent le sourire à leur simple écoute. Du moins on se souviendra surtout des pistes allant jusqu'au monde de la musique (le deuxième quoi), après on ne s'en souvient pas, les 3/4 d'entre nous n'ont jamais pu aller plus loin. Leurs nerfs ou les manettes, au choix... Un somptueux monde à sauver, transformé par un connard ténébreux, en un territoire hostile où chaque élément est susceptible de nous buter. Même les nuages. En résumé, voilà la véritable quête dont on est affublé. 

 

Toutefois, afin d'accéder au niveau final, il vous faudra refaire TOOOUTES les maps une fois arrivé à la fin du jeu... afin de délivrer toutes les petites catins enfermées que vous aurez loupé ou qui, tout simplement et cette fois bel et bien injustement, n'étaient pas accessibles sans vos super pouvoirs fraîchement acquéris. C'est là le véritable point noir du jeu, qui passe à mon sens comme une tentative de rallonger la durée de vie du titre plutôt que d'apporter du contenu réel malgré tous ses efforts initiaux. Assez lourd, rébarbatif, même si la facilité est accrue en théorie grâce à nos nouvelles abilités et que l'on découvre occasionnellement quelques mètres carrés dont on serait passé à côté dans la hâte de notre survie de chaque instant, cette étape chiante et obligatoire est une pillule cette fois plus difficile à avaler. 

 

Au delà de la musique - que l'on ne peut pas associer à un seul artiste d'après les crédits, des décors fantastiques, du challenge ambivalent que représente le premier joyau d'Ubisoft, c'est son personnage iconique qui s'illustre par son unicité, son charisme, et sa fonction couteau suisse qui le démarque du lot de tentatives ratées du genre, tous supports confondus. Malgré la simplicité de l'intrigue, on suit l'aventure d'un protagoniste qui se fait des amis sur la route, on parcourt une histoire, ce qui donne une gratifiante impression de progression pour un jeu de plateformes. Il y a une réelle évolution du pauvre gars incapable de courir à l'apollon qui surfe sur des poêles. Rayman est attachant, un peu penaud et l'air stupide parfois, il a ce côté sympathique avec son petit foulard rouge, son corps de légume flottant, son nez pomme de terre et ses yeux revolvers, ses gros poings gantés faisant baver Juan Carlos, et sa mèche rebelle qui rendrait Titeuf jaloux. Ah et ai-je déjà mentionné que ses putain de membres flottent dans les airs sans être reliés à son corps ?!? (vous croyez que ça marche aussi pour son chibre... ?) 

 

Pas de bras, pas de chocolat

À une époque ou Nintendo iconisait Mario et que Sonic était le poulain de SEGA, la Playstation avait besoin d'une mascotte pour la représenter. Si Rayman n'aura pas totalement survécu aux années de la même façon que autres héros, il aura au moins chauffer la place un court instant pour ce cher Crash, bien plus souvent associé avec la console que ne l'est le blondinet. Même si les deux icônes que j'adore n'auront pas occuper le podium sur le long-terme à l'opposé de leurs pairs aux plateformes, Rayman à néanmoins, à l'instar de son pif, une sacrée patate. Contrairement à nombre d'entre eux, il règle  ses problèmes à la force de ses poings, et non à coups de culs en salopette ! Il court, il vole, il rampe ! C'est super Rayman !

 

Qui plus est, il est facile de l'oublier, mais ce jeu est un produit Français ! Eh oui ! L'un des héros les plus connus du Jeu Vidéo est né grâce à Michel Ancel. Plutôt la classe ! Et malgré qu'il n'ait jamais pu jouer du coude contre un hérisson exalté ou un plombier Italien, Rayman a été adapté par la suite sur pas moins de 13 SUPPORTS différents, ce qui est quand même un sacré gage de réussite, commerciale comme critique.

 

Que lui manquait-il concrètement pour accéder à une gloire plus reluisante ? C'est sujet à débat, mais une chose est sûre : c'est avec beaucoup d'humour cartoonesque, et malgré une difficulté certaine le rendant moins accessible ainsi qu'une rejouabilité qui tire sur la corde, que le bonhomme aubergine est resté au chaud dans nos coeurs, lui et son univers feutré et dont on préfère se rappeler les bons aspects plutôt que la dangerosité. Allez, faites-moi plaisir et allez vite écouter la bande son magistrale du jeu. Vous verrez, vous aussi vous aurez envie de danser, non pas les bras en l'air, mais au moins les mains !  

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Il y a des mémoires d'enfance qui se perdent dans l'oubli, et d'autres qui ne s'oublient pas. On a tous en tête un souvenir spécial par rapport à un jeu particulier qui aura animé notre plus jeune âge avec son charisme certain et son univers enchanteur. Rayman est l'un de ces élus colorés qui m'aura fait rêver... Et rager. En ce temps-là, légion étaient les jeux de plateformes, un genre qui permettait d'exprimer l'étendu de son art sur un support 2D comme 3D, et permettant de toucher un vaste public. Si cette espèce en voie de disparition au profit des trillions de FPS reste honoré par le secteur indépendant, il ne faut pas oublier que notre héritage et toute l'évolution du Jeu Vidéo passa par le développement de ces pépites d'or créatives qui ont, pour la plupart et les plus réussies, su résister au temps. Behold ! Voici l'aventurier au poing ganté et au gros nez !

RAYMAN

Sorti en 1995

Dévelopeur : Ubisoft

Genre : 2D Platformer

Support : 

Treuf'Analiz

TREUFAVORABLE

TREUFINDIGNE

  • Jouable aujourd'hui quasiment partout.

  • Sprites 2D superbes, tableaux colorés inoubliables.

  • 6 grands mondes scindés en plusieurs niveaux d'une belle diversité graphique comme technique.

  • Rayman, un héros charismatique s'il en est !

  • L'humour cartoon omniprésent avec l'animation excellente des visuels.

  • La musique tout simplement parfaite avec chaque décor et situation. 

  • Un produit Français, quand même, merde !

  • Un gameplay maîtrisé, des pouvoirs basiques mais intéressants.

  • Une difficulté croissante représentant un véritable challenge...

  • ... mais qui donne envie de s'arracher les cheveux.

  • REJOUABILITÉ FORCÉE en devant refaire TOUS les niveaux à 100% pour finir le jeu. 

  • Des bonus oui, mais aussi durs à atteindre qu'à conserver.

  • Une histoire un peu plate(forme, HAHAHA)

  • Le bruit insupportable de Rayman quand il s'apprête à tomber. Putain il me hante. Pire encore. Le hoquet quand il meurt ou reçoit un dégât. 

8/10

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Photos par : Treufy 

© 2015 par Treufy, en collaboration avec Lordyce. Tous droits réservés.
 

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