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  Si vous lisez cet article hommage, ce sera sans doute très longtemps après l'annonce de la mort de Monsieur Satoru Iwata. En vérité, j'ai moi-même appris très tard le décès du 4ème PDG de Nintendo, et je n'y ai d'ailleurs pas cru en premier lieu. Je suis tenu le plus possible éloigné des réseaux sociaux, je m'y consacre principalement pour entretenir l'actualité de notre chaîne et échanger avec vous, Treufydèles. Mais de nos jours, l'actualité se propage à une vitesse incroyable et s'étend de façon propentionnelle. Je ne fais pas cet article pour le Buzz. J'avais envie, et je ressentais surtout le besoin, de coucher ma pensée et mes nombreuses émotions sur ce billet rendant hommage à l'homme en question.


  Lorsque j'ai appris qu'il nous avait quitté, j'ai été assailli d'un étrange sentiment de tristesse. Pour être tout à fait franc avec vous, je ne suis pas un expert de son parcours. Je ne vais pas prétendre que son départ m'affecte à un point inimaginable, tout simplement parce que contrairement à beaucoup d'entre vous, je n'ai pas eu la chance de grandir avec les jeux Nintendo. Néanmoins, je peux vous affirmer que je peux ressentir un profond chagrin, principalement en raison des multiples réactions que cette tragique nouvelle a suscitée, et parce que je suis tout de même au courant de quelques uns de ses "hauts-faits". Voir la touchante illustration ci-dessus qui me met les larmes aux yeux. Respect à l'artiste. 

C'est cela que l'on doit retenir. Derrière lui, Monsieur Satoru Iwata a laissé un héritage. Ceux qui sont au courant comme les moins informés le savent. Il s'agissait d'un personnage qui inspirait la sympathie, respecté par ses pairs comme ses adversaires. Le patrimoine qu'il a laissé aux générations suivantes est remarquable au sein du petit paysage vidéoludique, phénomène culturel qui permet aujourd'hui de réunir de façon incroyable une portion importante de la population mondiale. 

Il est étrange que l'être-humain réagisse de certaines façons. Alors que le jeu vidéo me passionne, je ne peux pas prétendre pour autant avoir une connaissance pointue des principaux acteurs du milieu. Quel a été leur parcours ? Qu'ont-ils réellement accompli ? À tord, et par habitude, nous joueurs, avons tendance à ne considérer que le produit fini. Avec le savoir qu'offre internet et sa multitude d'informations, il est désormais possible d'en apprendre plus. Ce sera donc ma façon de payer mes respects au défunt, pour ce que ça vaut. À tord également, certains d'entre vous pourraient penser après certains de mes Vlogs, que j'ai Nintendo en horreur. Si je suis en effet déçu par plusieurs décisions de la société, je ne suis en aucun cas habilité à juger qui que ce soit, ni les décisionnaires derrière les choix qui m'importunent personnellement. Tant bien même s'il était responsable de ces derniers, cela ne changerait rien à ce qu'il laisse de magistral dans son sillage. 

 

Je vais lire ce que cette personne a accomplie. Je vais vous le faire partager.

Je vais, avec vous, faire une rétrospective de sa vie dans le monde du Jeu Vidéo.

Je vais vous parler de Satoru Iwata.

 

  Satoru Iwata est né au Japon le 6 décembre 1959. Intéressé depuis son plus jeune âge par la conception de jeux vidéo, il est admis après le lycée à la prestigieuse Université de Technologie de Tokyo, où il est major en informatique. Il poursuit sa passion en parallèle de ses études en se rendant régulièrement dans un magasin d'informatique avec un groupe d'amis, où ils développent des jeux dans un appartement. Ce groupe deviendra plus tard HAL Laboratory, dont il y occupera le poste de programmeur de jeux.  Cette petite société deviendra par la suite une filiale du géant Nintendo.  

1982, la société a l'intention de sortir sa première console de salon, la Nintendo Entertainment System, plus couramment appelée Nintendo ou NES. Iwata prédit alors un succès commercial et chercha via son entreprise à décrocher un contrat, démontrant déjà de sa grande sensibilité vis à vis du monde du commerce et de sa compréhension intelligente du fonctionnement de l'offre et la demande. Il ne lui fut confié à l'époque qu'un projet en difficulté à la dérive, Pinball, qu'Iwata s'occupa de sauver du naufrage. Grâce à ce premier fait d'arme notoire, il fut promu coordinateur de la production software en 1983 et participa au développement de jeux tels que Balloon FightEarthBound, et les jeux de la série Kirby, ce qui continuera de tailler sa réputation de développeur plein de talent. 

En 1993, Satoru Iwata fut promu Président de HAL Laboratory, alors en difficulté financière, afin de sauver une fois de plus le business. Il travailla en parallèle sur des méga hits dont Kirby’s Dream Land et Super Smash Bros. Il participa également au développement de plusieurs jeux de la série Pokémon. On lui doit notamment l'internationalisation de cette licence désormais la plus connue de l'archipel nippon, sans quoi la mode des Pocket Monster n'aurait peut-être jamais vu le jour. Vous vous imaginez, vous, sans les Pikachu dans la cour de recré à l'époque ? Au fil des années, il participera activement à la création d'autres opus de la série.

Il rejoint finalement Nintendo dans les années 2000. À peine deux ans plus tard, il succéda au président de l'époque; Hiroshi Yamauchi. Suite à cette promotion, il redonnera à la compagnie un souffle économique considérable, notamment grâce au lancement de deux consoles révolutionnaires qui ont dominé le marché pendant longtemps : la Nintendo DS ainsi que la Wii. Innovantes, ergonomiques, elles sont considérées encore aujourd'hui comme des consoles clés pour de multiples raisons. Qu'il s'agisse des longues parties de plaisir solitaire avec la série inépuisable des DS - tout de même la console la plus vendue au monde ; ou bien en ayant réussi à remettre au goût du jour le plaisir de jouer ensemble au salon avec des concepts ludiques et innovants ainsi que multijoueurs ; ou encore les nombreuses exclusivités qui leur ont été mutuellement dédiées, offrant ainsi à des millions de joueurs de belles heures mémorables de divertissement... On les lui doit en partie.

  Satoru Iwata aura donc contribué à la prospérité des licences phares telles que Pokémon, Kirby, The Legend Of Zelda ou encore Metroid pour ne citer qu'elles. Sa toute première contribution officieuse à l'entreprise se sera d'ailleurs faite en tant que "ingénieur de terrain" sur le célébrissime Super Smash Bros. Melee. Ainsi débuta le combat du Samouraï, pour que Nintendo puisse voir de nouveau le soleil se lever sur ses locaux bourrés de talents. Aux côtés de son éternel allié complémentaire, Shigeru Miyamoto, autre figure populaire de la compagnie, il s'évertuera pendant plus de 13 ans à redéfinir la ligne directrice créatrive de l'entreprise. De lui, on pourra retenir cette phrase emblématique qui reflète avec une honnêteté émouvante ce que devrait toujours être le jeu vidéo, et plus particulièrement le jeu vidéo selon Nintendo.

« Video games are meant to be just one thing. Fun. Fun for everyone. » (« Les jeux vidéo sont pensés pour être une seule chose. Amusants. Amusants pour tout le monde. »

  Comprendre les besoins du marché et des joueurs, qui ne sont pas de bêtes clients quoique toujours consommateurs, est chose ardue. Que l'on apprécie ou pas les licences de Nintendo, ses consoles ou encore le personnage, force est de reconnaître avec humilité l'oeuvre à laquelle il a contribué dans sa globalité. Malgré ses défauts, malgré ses détracteurs, Nintendo est toujours aujourd'hui parmi le TOP 3 des grands éditeurs/développeurs majeurs du jeu vidéo. 

Satoru Iwata était quelqu'un de respecté, de sympathique, proche de ses employés comme des fans. Qu'il s'agisse d'avoir instauré les Iwata Ask ou les Nintendo Direct, il est clair qu'il avait à coeur de rester intime et proche de sa communauté, qu'il savait responsable du succès de la compagnie. Tel un YouTuber proche de son audience, en quelque sorte. Doté d'un remarquable esprit savant, d'une capacité d'initiative, d'écoute, de compréhension, d'anticipation et d'innovation, le patron de Mario & Cie. a démontré durant l'occupation de son poste à responsabilité, qu'il était un leader de choix. En témoigne les innombrables hommages à son égard que l'on peut trouver sur la toile à présent. 

Paradoxalement, le Japon souffre et brille à la fois de sa mentalité à double tranchant. Parfois tel son Katana emblématique, il ne dispose que d'une facette, une appréciation de sa philosophie conservatrice à sens unique. Sa volonté à s'ouvrir au monde, sans laisser le monde s'ouvrir à lui. Mais n'oublions pas vis à vis de cela que la robustesse et l'excellence sont des critères faisant partie intégrante de la forge d'un Katana. L'essentiel est qu'avec une précision chirurgicale, Satoru Iwata était capable de prévoir des tendances, de comprendre la demande et de trancher dans ses décisions souvent révolutionnaires. Tantôt génial, tantôt réfractaire et frileux, il combattait avec sa garde protectrice paternelle des plus logiques, dans un fourreau de velours.

  Ici, nous ne nous concentrerons pas sur le négatif. Nous évoquerons le positif de son parcours. Peu importe qu'il fut à la tête de l'entreprise alors que de nombreuses décisions hasardeuses ont été prises vis à vis des droits d'auteur et de la protection de contenu sur YouTube. Comme je l'ai dit il est impossible de désigner un fautif de notre point de vue extérieur, et l'entreprise est de toute manière futile. Nous pouvons en revanche quantifier d'autres données, comme la bonté de la personne. Du bien, les employés et le monde de l'entreprise en ont beaucoup à dire concernant le Monsieur.

Grâce à une façon de diriger proche de ses employés et sa personnalité joviale unique, il est considéré en 2007 et en 2008, comme l'un des meilleurs dirigeants d'entreprise au monde par The New York Times Magazine et par le magazine spécialisé dans la finance Barron's Magazine. Son salaire annuel s'élève en 2009 à 187 millions de yens, soit 1,7 million d'euros, ce qui est relativement peu par rapport aux autres PDG des autres firmes vidéo-ludiques. En crise de renouvellement au début des années 2010, Iwata divisera à deux reprises son salaire pour aider l'entreprise à économiser et garder de la motivation chez ses employés. Ces démarches étaient de belles preuves de sa volonté sincère d'aider la société à porter ses ambitions à bout dans sa globalité plutôt qu'une démarche commerciale froide, calculatrice, égoïste. Il était clairement là afin de partager sa passion du jeu vidéo et de ses idées novatrices. Malgré un déclin économique certain depuis environ 5 ans, notamment avec le départ paresseux de la Wii U, de l'absence de licences nouvelles ou titres phares remis au goût du jour, il fit reluire avec ferveur le blason de sa compagnie aux yeux du monde. Il fut le sauveteur de nombreuses entreprises sur le point de couler. Un visionnaire avec une grande sensibilité sur le fonctionnement complexe du jeu vidéo et de son évolution naturelle au cours du temps. Il a accompagné l'âge d'or de l'ère vidéoludique, on peut même dire qu'il fut un des Pères Fondateurs à la naissance et l'évolution de ce 10ème Art dont on peut aujourd'hui tous profiter dans la joie et la bonne humeur. 

  Certains vont se demander pourquoi faire un foin autour d'une seule mort. Est-ce hypocrite ? Amoral ? Pourquoi accorder plus d'importance à la disparition d'un tiers plutôt que d'un autre ? La réponse est froide de simplicité et de réalité. Sa vie n'est en rien plus importante que celle d'un autre. Satoru Iwata aurait pu être une terrible personne en coulisses pour peu que ça importe. Nous, qui aimons le jeu vidéo, regardons les faits connus. Ce que l'on sait factuel et non sujet à interprétation. Ce que ce Monsieur a personnellement apporté à l'industrie du divertissement que l'on préfère, est concret, est réel, tangible. Parce que cela nous concerne plus directement, on se retrouve davantage affecté.

Voyez, je n'ai pas été vraiment touché par le décès de Michael Jackson, comme j'ai été touché par celui de Nujabes. Tous les deux étaient de grands artistes, très différents, mais le dernier a occupé mes playlists des années durant contrairement à l'autre. Question de goût. Plus de gens ont fait le deuil du Roi de la Pop, pourtant. Que cela n'amoindrisse en rien la gravité de chaque disparition sur Terre. Il en est de même pour nous, tous autant que nous sommes.

 

Après notre dernier souffle, nos successeurs jugeront notre parcours, et selon ce que nous avons accompli, nous serons plus ou moins pleuré. Et de la part de tous ceux pour qui nous aurons tenu, un mot de gratitude s'échappera fébrilement de leurs lèvres.

Merci, d'avoir existé. 

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Photos par : Treufy 

© 2015 par Treufy, en collaboration avec Lordyce. Tous droits réservés.
 

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